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Cesare Maccari (1840-1919), Cicero Denounces Catiline, Palazzo Madama, Roma |
La peinture
Cette fresque de Cesare Maccari a été peinte entre 1882 et 1888. Mesurant 9 mètres de long sur 4 m de haut, elle couvre tout un mur du Palais Madama, à Rome (le Palais Madama étant le siège de l'actuel Sénat Italien). L'orateur Cicéron y est représenté avec des cheveux blancs (à gauche de la scène) alors que Catilina (isolé sur la droite de la composition) est représenté jeune. Dans la réalité, ils avaient à peu près le même âge. Le lieu lui-même est passablement idéalisé : le Sénat de la Rome antique étant beaucoup plus petit et moins solennel que l'enceinte représentée. Dans cette scène, Cicéron prononce devant la majorité des sénateurs réunis, la célèbre phrase par laquele il attaque d'emblée Catilina : "Quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra?"
("Mais enfin jusqu'où, Catilina, prétends-tu abuser de notre patience ")
Le sujet
Le 7 novembre de l'an 63 avant notre ère, Cicéron (Marcus Tullius Cicero) convoque le Sénat dans le temple de Jupiter Capitolin. En sa qualité de consul du peuple romain, il veut dénoncer solennellement les menées d'une bande de conspirateurs à la solde de son adversaire politique, le dénommé Catilina. Ancien agent du dictateur Sylla, Catilina a déjà tenté de renverser les institutions républicaines en se servant du parti populaire et il s'apprête à récidiver.
Cicéron est l'un des rares sénateurs issus de l'ordre équestre et non d'une famille patricienne. Il est ce qu'on appelle dans la Rome d'alors un « homme nouveau ». À 43 ans, il a déjà acquis dans le milieu politique une réputation de fervent républicain en dénonçant les prévarications de Verrès dont la vénalité en Sicile avait dépassé les bornes.
Trois ans plus tôt, il a aussi plaidé pour que Pompée obtienne des pouvoirs exceptionnels en vue de combattre, en Orient, Mithridate roi du Pont.
Quand ce 7 Novembre de l'an 63 avant notre ère, Cicéron prend une nouvelle fois la parole devant le Sénat, Catilina n'hésite pas à s'asseoir au premier rang de l'auditoire, ce qui offre à l'orateur l'occasion de le prendre à partie dès les premiers mots sans autre préambule, avec un phrase devenue depuis lors si célèbre que sa forme sert encore dans les interventions de grand nombre d'avocats, plus de 2000 ans plus tard, la fameuse : « Mais enfin jusqu'où, Catilina, prétends-tu abuser de notre patience ?"
Continuant sur le mode spectaculaire de l'interrogation directe :
- "Jusques à quand auras-tu l'insolence de nous narguer ? Jusqu'à quelle extrémité l'audace effrénée dont tu fais preuve va-t-elle t'entraîner ?... »
Puis Cicéron se lance dans une dénonciation en termes explicites de la conjuration que prépare Catalina et ses sbires et de la menace qu'elle fait peser sur la sécurité de l'État.
Cicéron fait une telle impression sur les sénateurs, que Catilina reste muet. Ne trouvant rien à répondre, il s'enfuit du Sénat pour aller lever une rébellion armée.
Ce qui se passe ensuite échappe à la représentaion du tableau ci dessus : Antonius rassemble une armée pour venir à bout de celle levée par Catilina. Il met une année avant de le vaincre.
Catilina perd la vie au combat et ses complices sont exécutés.
Cicéron poursuit son enquête et en expose les résultats dans quatre fameux discours, Les Catilinaires. Le mot catilinaire est d'ailleurs devenu un nom commun au XIXe siècle pour désigner une harangue violente.
Pour ce haut fait, Cicéron refusa toute gratification mais le Sénat lui témoigna néanmoins sa reconnaissance en lui décernant le titre de Pater patriæ (Père de la patrie).
Cicéron apparut désormais dans le paysage politique de la Rome antique comme l'un des chefs du parti des Optimates, qui regroupait les partisans de l'ordre traditionnel (les Conservateurs) et s'opposait au parti des Popolares ou parti populaire.