L'image
Cette gravure représente l'exécution de Marie Stuart (1542-1587) reine d'Écosse, décapitée le 8 février 1587 au château de Fotheringhay, en Angleterre. Comme il est décrit, l'exécution a bien eut lieu en public et devant 300 personnes. Marie Stuart avait demandé elle-même à sa cousine Elizabeth 1er une exécution publique. Sur le chemin du billot, les chroniques la décrivent comme digne, et priant alors que l'on vient de lui arracher son crucifix. Elle meurt en martyre et sa mise à mort est un calvaire : le bourreau doit s'y prendre à trois fois pour détacher la tête du corps. Couronnée à l'âge de 9 mois (le couronnement le plus précoce de l'Histoire), elle est décapitée à l'âge de 44 ans. Cette reine aux deux royaumes et qui en convoitait un troisième a traversé l'histoire, tantôt héroïne romantique, tantôt femme adultère et meurtrière, toujours infortunée.
Les faits
L'héritière des Stuart est devenue reine d'Écosse trois jours après sa naissance, à la mort de son père Jacques V. La régence est assurée par sa mère, Marie de Guise, dont les frères animent à la cour le parti catholique et anti-anglais. Ils obtiennent de fiancer la petite reine au fils aîné du roi de France le futur François II. À peine âgée de six ans, Marie prend donc un bateau pour la France. Plongée dans une cour raffinée, la princesse s'attire les éloges de Ronsard. Elle épouse le Dauphin en 1558 et signe un acte secret par lequel elle promet de céder à la France ses droits sur l'Écosse... et sur l'Angleterre si elle venait à mourir sans enfant. François II accède au trône en 1559, mais de santé fragile, il meurt à 17 ans après un règne de moins de deux ans. La jeune reine doit s'en retourner à regret dans le pays de son père. Marie Stuart retrouve un royaume déchiré par les perpétuelles dissensions entre chefs de clans et par la Réforme. Après avoir épousé son cousin, le sémillant et catholique lord Darnley, qui lui donnera un fils, elle est détrônée par ses sujets écossais et doit abdique au profit de son fils Jacques VI. Après dix mois de forteresse à Loch Leven, elle s'enfuit à cheval en Angleterre en 1568. Elle se place alors sous la protection de sa cousine, la reine Elizabeth 1ère, de la dynastie des Tudor, dont elle n'a pourtant jamais reconnu la légitimité. Très vite, craignant une sédition des catholiques anglais, la reine d'Angleterre fait emprisonner son encombrante cousine. Dans sa prison, pendant près de vingt longues années, Marie Stuart participe à plusieurs complots ourdis par les «papistes» pour la faire monter sur le trône. Elizabeth 1ère la fait finalement condamner à mort et décapiter au terme d'une manipulation ourdie par Sir Francis Walsingham, en charge de la police, qui piège Marie Stuart dans un faux complot contre la reine. Marie Stuart donne par écrit son avis et conseille les comploteurs sur la manière de procéder au meurtre. Cela suffit pour qu'elle soit jugée et condamnée à mort.Les Communes réclament son exécution immédiate. Elizabeth 1ère rechigne malgré tout à faire exécuter une souveraine, si coupable soit-elle. Elle se résout à signer l'ordre d'exécution après beaucoup d'hésitation. Etre cela ne lui sera pas d'une grande utilité dynastique puisqu'après avoir triomphé de tous ses ennemis mais dépourvue d'héritier direct, Elizabeth 1er lègue sa couronne au propre fils de Marie Stuart et lord Darnley, le roi d'Écosse Jacques VI. C'est ainsi qu'en 1603, à 37 ans, il devient également roi d'Angleterre sous le nom de Jacques 1er et inaugure la dynastie des Stuart.