Le sujet et le tableau
Ce tableau de Jacques Laumosnier représente le mariage, le 9 juin 1660, de Louis XIV et l'infante d'Espagne Marie-Thérèse d'Autriche à Saint-Jean-de-Luz, dans la maison Lohobiague Enea, au milieu la liesse générale (même si cela n'apparait pas de façon évidente sur le tableau !).
Leur union consacre le rapprochement entre les deux principales puissances européennes de l'époque, la France et l'Espagne. Elle fait suite au Traité des Pyrénées négocié par Mazarin et signé le 7 novembre 1659.
Les époux, tous deux âgés de 21 ans, sont doublement cousins, par les deux branches de leur arbre généalogique : Louis XIV a pour mère Anne d'Autriche, soeur du roi d'Espagne Philippe IV de Habsbourg, père de la mariée. L'épouse de ce dernier, Élisabeth de France, est la mère de Marie-Thérèse d'Autriche mais aussi la soeur de Louis XIII, père du marié. Malgré ces deux cousinages très appuyé, cette union n'en fut pas moins féconde.
Avant le mariage proprement dit, le jeune et fringuant roi Louis XIV passa plus d'un mois dans la demeure Lohobiague Enea où il vécut avec tout le cérémonial du Louvre, la vie autour d'un Roi de France étant réglé par une stricte étiquette, dictée par la necessaire continuité des affaires du Royaume, même quand le roi était en déplacement long. La Cour de Louis XIV était la plus fastueuse des cours d'Europe de l’époque. Ceux qui n'étaient pas aux affaires du Royaume se distrayaient en visites, en promenades et en représentations de théâtre qui avaient lieu dans la grande salle de la Maison de Ville (aujourd'hui la Mairie de Saint Jean-de-Luz) voisine de Lohobiague-Enea.
Au terme de ce séjour d'un mois, le 6 juin 1660, après de longues négociations, la paix est enfin solennellement signée entre les Rois de France et d'Espagne.
Le 7 juin, Louis XIV, sa mère Anne d'Autriche, Monsieur, frère du Roi, suivis des princesses et de la noblesse s'en furent quérir l'Infante à Fontarabie, où une réception triomphale avait été préparée.
L'Infante fut reçue à Joanoenea (nommée depuis "Maison de l'Infante"). »
" Le 9 juin, jour du mariage, une galerie élevée à 0,80 m du sol reliait l'église Saint-Jean Baptiste de Saint de Luz au logis de l'Infante. Un régiment de Suisses et un autre de gardes françaises forment la haie de chaque côté de cette passerelle. A midi, le cortège sort de Joanoenea et s'avance avec solennité. En tête, le Bayle et les jurats puis cent Suisses s'avancent, tambour battant, leur enseigne déployée. Derrière eux, un grand nombre de trompettes jetant dans l'air mille fanfares joyeuses. Suivent les valets de pied de la Maison du Roi, précédant leurs Majestés, environnées de leurs gentilshommes et de dames étincelantes de parures. Louis XIV, dans toute la splendeur de la jeunesse et du pouvoir, s'avance, radieux, précédé du Cardinal Mazarin. Il est vêtu d’un costume recouvert de dentelles noires, et d’un manteau de brocart et d’or. Puis, c'est l'Infante Marie-Thérèse, habillée d'une robe de toile d'argent ; sur ses épaules, un manteau violet avec une queue fort longue, semé de fleurs de lys ; sur sa tête, une lourde couronne d'or ... »
La cérémonie du mariage bénie par Monseigneur d'Olce (que mopn voit au centre du tableau) dura trois heures. L'Infante et le Roi retournèrent ensuite à Lohobiague Enea
La tradition dit que, du haut du balcon de cette maison, furent jetées des pièces d'argent frappées tout exprès pour la circonstance.
Louis XIV ne connaît sa femme que depuis trois jours et celle-ci ne parle pas un mot de français, mais le roi « l'honore » fougueusement dès la nuit de noces qui avait lieus elon un usage royal herité de la Rome imperiale, devant temoins.
Certaines sources historiques cependant, notent que cette nuit de noces, contrairement à l'usage, n'eut aucun témoin.
Le 15 juin, après de nombreuses fêtes mises en musiques par Monsieur de Lully et par Monsieur Lambert, la Cour repartit pour Paris en cortège triomphal et la ville reprit son calme, après avoir connu le tumulte des grandes cités.
Marie-Thérèse donna à son cousin Louis XIV six enfants (3 filles, 3 garçons) mais dont un seul, Louis de France ("le Grand Dauphin") survécut à l'enfance pour mourir en 1711, à 49 ans de la variole, réduisant à néant la lignée légitime du Roi Soleil et posant un grave problème dynastique.
La Galerie de portraits
1. L’infante Marie-Thérèse d'Espagne peinte par Diego Velasquez alors qu'elle avait 14 ans en 1652-53, est un des tableaux les plus célèbres du peintre. Il est considéré comme un de ses plus aboutis. L'infante observe une attitude majestueuse. La figure est fortement éclairée, en contraste avec le fond obscur ; idem pour la robe en contraste avec les rideaux. Le foulard qu'elle porte à sa main gauche est l'un des éléments notables de l'œuvre. On aperçoit aussi deux pendentifs sur la robe de l'infante qui indiquent la même direction que celle pointée par le doigt Marie-Thérèse. Sa belle-mère avait donné le jour à une fille et en 1657, un fils vint, et l'infante semble marquer sa qualité d'héritière du trône d'Espagne. À l'époque où se tableau est peint, l'Espagne est en guerre contre la France et la belle-mère de Marie-Thérèse n'a toujours pas donné de fils a son époux. Plus tard, pour des raisons inconnues l'œuvre a été recoupée sur sa partie inférieure et supérieure. Elle est aujourd'hui conservée au Musée d'histoire de l'Art de Vienne, en Autriche
2. Marie-Thésèse en grand habit de Reine de France et son fils le Grand Dauphin, le seul qui survivra des 6 enfants donnés à Louis XIV, tragédie due à la consanguinité. Malgré le somptueux costume de reine dans lequel on la voit sur ce tableau, Marie-Thérèse ne brille guère par son esprit ; elle ne parle pas français à son arrivée à la cour de France, ce qui ne lui épargnera aucune moquerie des courtisans sur les subtilités linguistiques qui lui échappent.
3. Ce portrait du roi Louis XIV à l'âge de 23 ans par Charles Le Brun date de 1661 et il est quelquefois titré " Le roi gouverne par lui même ". Il a été en effet peint l'année où, à la suite de la mort du cardinal de Mazarin, Louis décide de supprimer la place de ministre principal et de prendre personnellement le contrôle du gouvernement. Son entourage n'étant pas convaincu de sa stature d'homme d'État, il decide de prouver son autorité par un "coup de majesté".
Louis XIV est désormais le monarque absolu.
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