Le sujet
La première mention, en Occident, de ces invasions est celle rapportée par Marco Polo dans Le Devisement du monde, sa chronique factuelle et précise de son voyage en Chine. Les sources orientales sont le Yuan Shi (Histoire des Yuan), la chronique officielle de la dynastie Yuan fondée par les Mongols, et le Hachiman gudōkun, conçu par les Japonais en hommage au kami de la guerre Hachiman. Enfin, un emaki japonais de la fin du 12e siècle, les Rouleaux illustrés des invasions mongoles, apporte un point de vue iconographique interne à la guerre, centré sur les exploits d'un simple samouraï. Mis à part ces matériaux, il n'existe que des sources fragmentaires mentionnant l'événement comme des biographies familiales ou des écrits du moine Nichiren, qui avait prédit dans une certaine mesure l'invasion.
Ces invasions mongoles du Japon ont lieu en 1274 et 1281.
Ce sont des opérations militaires majeures entreprises par le mongol Kubilai Khan pour conquérir l'archipel japonais après qu'il ait réussi sa conquête de la Corée en 1231 après trente années de guerre et soit devenu empereur de Chine en 1260, avant son l'installation de sa capitale officielle à Beijing en 1264.
Le puissant Kubilai Khan a moins de chances cependant avec ses tentatives d'invasions du Japon qu'il n'en a eu avec celle de la Corée et de la Chine. En réalité, ces deux tentatives se solderont par des échecs ! Ce qui leur donnent d'ailleurs une importance historique accrue car elles marquent le terme de l'expansion mongole et restent des événements de dimension nationale dans l'histoire du Japon. Elles sont ce que le Japon a connu de plus proche d'une invasion dans les 1500 dernières années, en dehors de l'épisode des navires noirs en 1853 (liée à la politique de la canonnière des États-Unis qui marque la fin de l'ère Edo), et de l'occupation américaine du Japon après la Seconde Guerre mondiale.
De nombreuses œuvres de fiction y font référence ; on peut aussi remarquer que ce sont les premières circonstances où le terme de kamikaze (« vent divin ») a été utilisé puisque c'est le nom que portait le Typhon qui détruisit complètement la flotte de Kublai Khan le 15 août 1281.
On ne peut manquer de noter d'ailleurs que c'est aussi une tempête qui décima les troupes de Kublai Khan lors de la tentative de la première invasion le 19 Novembre 1274, tentative d'invasion qui ressemblait d'ailleurs plutôt à une première reconnaissance du territoire !
Après avoir envisagé une nouvelle tentative en 1284, Kubilai Khan, doit finalement renoncer à cause des troubles en Asie du Sud-Est.
Le Japon échappe donc ainsi à l'invasion mongole, mais sa victoire lui coûte cher.
Les invasions mongoles marquent l'apogée mais aussi le début du déclin du shogunat de Kamakura. Le
Bakufu, le gouvernement shogunal militaire qui a cours au Japon à cette époque,
" épuisé par l'effort de défense, se révèle incapable de récompenser ses vassaux". L'effondrement de l'économie au profit d'une classe de prêteurs sur gage et les taxes supplémentaires pour améliorer les défenses du pays causent des troubles qui entraînent l'instabilité du bakufu et permettent à l'empereur Go-Daigo de faire chuter le shogunat de Kamakura.
Les images
Les deux rouleaux illustrés des invasions mongoles ou «
Dit et Images des invasions mongoles ») forment un emaki japonais datant de la fin du 13e siècle. Ils font le récit des exploits réels ou supposés d’un samouraï japonais lors des deux tentatives d’invasion du Japon par le puissant empire mongol, épisode sur lequel l’oeuvre offre un aperçu historique important.
Ils ont été commandés par un samouraï, Takezaki Suenaga, afin de narrer au shogun ses exploits lors des deux grandes invasions et obtenir les honneurs qui lui seraient dus. Trois phases sont illustrées :
- La victoire des Japonais en 1274 à Hakata (Kyūshū), où Takezaki Suenaga s’illustre par une charge aussi vaillante que vaine.
(2ere image ci-dessus).
- Dans un deuxième temps, il se rend à Kamakura pour rapporter ses exploits durant la première invasion au shogunat. (
1ere image ci-dessus)
- La dernière partie concerne sa victoire lors d’une bataille navale en 1281, où on le voit aborder les navires de guerre mongols
(3e image ci-dessus). Ainsi, le récit se concentre sur les faits d’armes de Takezaki Suenaga, et non sur la guerre dans son ensemble.
La confection des rouleaux s’étala de 1275 à 1293, juste après les événements historiques, mais l’artiste reste inconnu de nos jours – des théories aujourd’hui abandonnées auraient attribué l’œuvre à Tosa Nagataka ou Naga-aki.
L’original de l'emaki est conservé au musée des collections impériales du Kōkyo à Tōkyō.
Plusieurs copies en ont été réalisées aux 17e et 18e siècles.
A propos des deux portraits ci-dessous :
- Celui de l'empereur de Chine Kubilai Khan a été peint de façon posthume en 1294, très peu de temps après sa mort, par l'artiste et astronome népalais Anige et représente Kubilai Khan tel qu'il était en 1260, assez éloigné de l'image du svelte cavalier parcourant les steppes que l'on pourrait en avoir et plutôt dans les habits d'un monarque obèse et assez porté sur les boissons alcoolisés. Cette peinture qui mêle peinture et encre sur soie, exécutée dans un style parfaitement chinois est aujourd'hui conservée au National Palace Museum de Tapei, Taiwan
- Le portrait de l 'empereur du Japon Go daigo, le représente tel qu'il était de son vivant en grand habit d'apparat. Ce portrait est extrait du livre japonais "Miru Yomu Wakaru Nihon No Rekishi 2 Chusei" paru en 1993.
|
L'Empereur de Chne Khubilai Khan (1215-1294)
|
|
L'empereur du Japon, Godaigo (1288-1339)
|