L’image
Cette étonnante miniature médiévale intitulée
" Capture du roi Jean II le Bon sur le champ de bataille ". illustrant les célèbres
Chroniques de Froissart, et conservée à la Bibliothèque municipale de Besançon, représente le moment précis où le roi Jean II le Bon ainsi que son plus jeune fils, Philippe le Hardi, (à sa droite) sont fait prisonniers par Denis de Morbecque entouré d'une armée d'archers sans visages.
Jean Le Bon est le deuxième souverain français qui soit ainsi capturé sur le champs de bataille. Au pieds du roi et de son fils, certains des chevaliers qui n'ont pas fui, gisent dans leur sang. Les Français perdirent 17 comtes, 1 archevêque, 66 barons et bannerets et 2 000 hommes d'armes. Au total les Français laissèrent 8 000 hommes d'armes sur le champ de bataille. Les Anglais ne perdirent que 190 hommes d'armes et 150 archers. La rançon exigée par le roi d'Angleterre Edouard III fut de 4 millions d'écus d'or, une somme énorme qui laissa le roi de France captif pour longtemps pendant que le pays sombrait dans la guerre civile.
Le désastre de Poitiers survenant 10 ans après celui de Crécy (26 août 1346) relançait ce que l'on appellera plus tard
Guerre de Cent Ans.
Le sujet
Profitant d'une querelle domestique entre le roi Jean II le Bon et son gendre Charles le Mauvais, roi de Navarre, le roi anglais Edouard III rompt la trêve consécutive à la victoire de Crécy. Son fils, le prince de Galles Edouard de Woodstock, débarque à Bordeaux avec des troupes en septembre 1355. Plus tard surnommé le Prince Noir en raison de son armure, il se lance dans de grandes expéditions à travers le royaume de France. Les Anglais pillent les villages et les bourgs et tuent les manants qui font mine de leur résister.
Le roi de France cherche désespérément des subsides pour faire face à ce nouveau malheur. Il réunit en décembre 1355 les Etats généraux. La bourgeoisie est excédée par les gaspillages de la cour. Conduite par le nouveau prévôt des marchands de Paris, Étienne Marcel, un riche marchand drapier membre de la confrérie Notre-Dame et des pèlerins de Saint-Jacques, elle concède des subsides en échange de promesses de réformes.
Tandis que les Anglais remontent de leur possession de Bordeaux vers la Loire pour une nouvelle chevauchée, le roi de France peut enfin lever une armée pour se porter à leur rencontre.
L'armée anglaise est commandée par le Prince Noir. Elle compte à peine 7.000 hommes mais elle est solidement retranchée sur le plateau de Maupertuis. Le roi de France, de son côté, aligne pas moins de 15.000 hommes. Malgré la charge folle des chevaliers devant Poitiers, la bataille tourne très vite à la déroute française. Beaucoup de chevaliers sont faits prisonniers. D'autres se replient lâchement et abandonnent leur roi à son sort.
Fidèle à sa réputation, Jean le Bon se lance à la poursuite du Prince Noir mais il est fait prisonnier ainsi que son plus jeune fils, Philippe le Hardi, qui l'avait, selon la chronique, encouragé de ses paroles dans le combat :
« Père, gardez-vous à droite, père, gardez-vous à gauche ! » (il recevra la Bourgogne en récompense de son courage).
Le chroniqueur Jean Froissart, premier historien de langue française, né vers 1337 à Valenciennes, a laissé un récit épique et fleuri de cet affrontement.