Les photos
Cette photo prise à la fin de l'année 1901 est un des rares temoignages visuels d'un épisode peu glorieux pour l'armée britannique, lors la Seconde guerre des Boers, à savoir la création des premiers camps de concentrations de l'Histoire.
À l'origine, les camps de concentration étaient destinés à interner les familles Boers dont les fermes avaient été détruites lors de l’application de la «
politique de la terre brûlée » menée par les troupes britanniques. Il y eut au total 45 camps de tentes construits pour enfermer ces civils ainsi que 64 autres pour les Noirs (garçons de fermes, bergers, etc.) qui avaient vécu auprès des Boers.
Les camps de Boers abritaient essentiellement des personnes âgées, des femmes et des enfants pour un total d'environ 120 000 personnes ; 25 630 d'entre eux furent déportés à l'étranger.
Les conditions de vie dans ces camps étaient particulièrement insalubres et les rations alimentaires réduites. Les épouses et les enfants de soldats combattants se voyaient de plus imposées de plus faibles rations. Le régime alimentaire pauvre et le manque d'hygiène furent à l'origine de l'apparition de maladies contagieuses telles la rougeole, la fièvre typhoïde et la dysenterie. Combinée avec des manques en matériel et fournitures médicales, la situation provoqua de nombreux décès — un rapport postérieur à la guerre estima à 27 927 le nombre de Boers morts (desquels 22 074 enfants de moins de 16 ans) et 14 154 Noirs, morts de famine, de maladies et d'exposition au soleil. En tout, environ 25 % des Boers et 12 % des Noirs moururent (des recherches récentes suggèrent une sous-estimation des pertes africaines, qui se monteraient en fait à environ 20 000 victimes).
Après avoir été forcés d'évacuer les territoires boers, les Noirs ne furent pas considérés comme hostiles aux Britanniques et servirent de main-d'œuvre salariée. Des camps de détentions furent également installés aux Bermudes, en Inde, à Sainte-Hélène et à Ceylan.
Emily Hobhouse, une Britannique à la direction de la branche féminine de la commission de conciliation sud-africaine, créée afin de venir en aide aux femmes et aux enfants victimes du conflit, fit beaucoup pour améliorer les conditions de vie des détenus, après avoir visité des camps dans l'État libre d'Orange. Son rapport de quinze pages suscita l'indignation et conduisit à l'envoi d'une commission gouvernementale, la Commission Fawcett, qui visita les camps d'août à décembre 1901 et confirma les faits mentionnés dans le rapport. La commission fut extrêmement critique à l'égard des camps et formula de nombreuses recommandations, telles que l'amélioration du régime alimentaire et des équipements médicaux.
En février 1902, le taux de mortalité annuel tomba de 6,9 % à 2 %.
Les faits
La guerre des Boers (prononcer « bour ») désigne deux conflits intervenus en Afrique du Sud à la fin du 19e siècle entre les Britanniques et les habitants des deux républiques boers indépendantes :
- la première guerre des Boers : du 16 décembre 1880 au 23 mars 1881 ;
- la seconde guerre des Boers : du 11 octobre 1899 au 31 mai 1902.
Le 11 octobre 1899, pour la deuxième fois les Britanniques entrent en guerre contre les Boers du Transvaal, après un ultimatum adressé au président Paul Kruger.
La guerre révèlera aussi les premières fissures dans l'empire de Sa Très Gracieuse Majesté et un comportement de l'armée britannique pour le moins sanguinaire.
Aux origines de ces guerres, des conflits ethniques entre colonisatuers dus à la découverte d'or au Transvaal qui attira des milliers de colons britanniques vers la Colonie du Cap. Johannesburg devint une ville champignon pratiquement du jour au lendemain, au fur et à mesure de l'installation des
uitlanders (mot néerlandais signifiant étranger, désignant les Britanniques venant s'installer dans le Transvaal) près des mines. Les
uitlanders dépassèrent rapidement en nombre les Boers sur le gisement, bien que restant une minorité dans le Transvaal lui-même. Les Boers, agacés par la présence des
uitlanders, leur refusèrent le droit de vote et taxèrent lourdement l'industrie aurifère. En réponse, les uitlanders exercèrent une pression sur les autorités britanniques, en vue d'obtenir le renversement du gouvernement boer.
En 1895, Cecil Rhodes appuya une tentative de coup d'Etat par une action militaire,
Le raid Jameson qui se solda par un échec.
Le meurtre de l'
uitlander Tom Edgar en décembre 1898 par un des membres de la police du Transvaal à la suite d'une bagarre fut monté en épingle, et déboucha finalement sur des pétitions demandant l'intervention de la Grande-Bretagne pour protéger les Britanniques présents au Transvaal. Le président Marthinus Steyn de l'Etat libre d'Orange invita Milner et Kruger à une conférence à Bloemfontein, qui débuta le 30 mai 1899, mais les négociations furent rapidement interrompues.
Le 9 octobre 1899, Kruger pressentant que la guerre était inévitable, lança son propre ultimatum avant même d'avoir reçu celui de Chamberlain. Il donnait 48 heures aux Britanniques pour évacuer leurs troupes des frontières du Transvaal, ou la guerre leur serait déclarée en accord avec leur allié, l'Etat libre d'Orange.
La guerre fut déclarée le 11 octobre 1899, et les Boers attaquèrent les premiers en envahissant la colonie du Cap et la colonie du Natal entre octobre 1899 et janvier 1900.
А la mi-décembre, au cours d'une période connue sous le nom de
" black week ", du 10 au 15 dйcembre 1899, les Britanniques subirent de nombreuses pertes à Magersfontein, Stormberg et Colenso.
Après encore une nouvelle défaite dans leur tentative de briser le siège de Ladysmith lors de la bataille de Spion Kop, les troupes britanniques, commandées par Lord Roberts ne reprirent l'initiative qu'avec l'arrivée de renforts le 4 février 1900.
Aprиs la levée du siège de Mafeking le 18 mai, qui fut à l'origine de célébrations au Royaume-Uni qui débouchèrent sur des émeutes, les Britanniques parvinrent à forcer la reddition du Général Piet Cronje et de 4 000 de ses combattants, et à affaiblir le reste des troupes boers. Ils avancèrent alors au coeur des deux républiques, prenant la capitale de l'Etat libre d'Orange, Bloemfontein le 13 mars et la capitale du Transvaal, Pretoria, le 5 juin.
De nombreux observateurs britanniques pensaient la guerre terminée après la capture des deux capitales. Mais les Boers se réunirent en une nouvelle capitale, Kroonstad, et mirent sur pied une campagne de guérilla pour attaquer les lignes de communication et de ravitaillement britanniques.
Le nouveau dirigeant de l'armée britannique, Lord Kitchener, réagit en construisant des postes fortifiés, des petites constructions de pierre entourées de fils barbelés, afin de réduire les mouvements des groupes de guérilla en de petites zones où ils pouvaient être battus. Les postes fortifiés permirent de réduire les mouvements des guérillas, mais ne pouvaient à eux seuls les battre. Kitchener forma de nouveaux régiments de troupes irrégulières de cavalerie légère, y compris des carabiniers Bushveldt, qui parcoururent les territoires contrôlés par les Boers, traquant les groupes de combattants. En mars, il adopta une stratégie de la terre brûlée et se mit à vider les campagnes de tout ce qui pouvait être utile aux guérillas boers. Cette stratégie mena à la destruction d'environ 30 000 fermes et une quarantaine de petites villes. En tout, 116 572 Boers furent envoyés dans des camps de concentration, soit а peu près un quart de la population, auxquels s'ajoutaient encore quelque 120 000 Africains noirs. Il y eut au total 45 camps de tentes construits pour enfermer ces civils ainsi que 64 autres pour les noirs (garçons de fermes, bergers, etc.) qui avaient vécu auprès des Boers.
Les camps de Boers abritaient essentiellement des personnes вgées, des femmes et des enfants pour un total d'environ 120 000 personnes. 25 630 d'entre eux furent déportés à l'étranger.