Le tableau
La scène se déroule le 2 décembre 1804, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris par opposition aux sacres des rois de France qui avaient lieu à la cathédrale de Reims. Selon la tradition, au moment où le pape Pie VII allait prendre la couronne, dite de Charlemagne, sur l'autel, Napoléon la saisit et se couronna lui-même. Joséphine reçut de lui la couronne et fut sacrée solennellement impératrice des Français, alors que le pape, assis à droite, tend la main en signe de bénédiction.
Napoléon veut rompre avec l'héritage Bourbon bien que les différents objets présents (couronne, sceptre globe) rappellent les regalia royales, Le décor antiquisant et la couronne de lauriers soulignent la fascination de Napoléon pour l'empire romain.
Pour ce sacre, la cathédrale Notre-Dame elle même fait l'objet d'une grandiose mise en scène : un décor par plaquage est rajouté par Isabey dans l'édifice, assez endommagé, pour lui redonner un aspect plus solennel et masquer le style gothique jugé vieillot. Des rideaux et tentures aux abeilles d’or recouvrent les murs et les piliers, la pierre disparaît sous du carton imitant le marbre, un voile cache la voûte de la cathédrale. Les rideaux n'étaient présents que dans la nef mais David les ajoute dans le chœur pour accentuer l'effet grandiose.
Le tableau est parcouru par plusieurs lignes directrices et reprend les règles du néoclassicisme. L'une des principales est celle qui passe par la croix et qui a une orientation verticale. Tous les regards semblent converger vers Napoléon qui est au centre de la composition. Un axe diagonal va du pape à l'impératrice. L'espace dévolu au couronnement est marqué par une composition de formes triangulaires qui se succèdent et sont soulignées par la verticalité des pilastres, des tribunes à deux étages et de la forêt de cierges. L'architecture, le mobilier, la lumière forcent le regard à se porter vers cet espace central.
Les faits
Alors que cette œuvre a été commandée oralement par Napoléon Ier en septembre 1804, David en commence sa réalisation plus d'un an plus tard, le 21 décembre 1805 dans l'ancienne chapelle du collège de Cluny, près de la Sorbonne, qui lui sert d'atelier. David vient d'être nommé
premier peintre de l'empereur. A ce titre, il est chargé par Napoléon de réaliser quatre tableaux de cérémonie relatant les grandes étapes de la cérémonie :
L'intronisation, le Couronnement, La Distribution des aigles et
L'arrivée à l'hôtel de ville.
Assisté par son élève Georges Rouget qui le consigne avec lui, David considère
Le Sacre comme achevé le 18 novembre 1807 mais ne met la touche finale qu'en mars 1808.
Napoléon avait donné son accord verbal pour que chacun des tableaux soit payé la somme exorbitante 100 000 francs, mais David ne se sera finalement payé, pour l'essentiel, que 65 000 francs pour le tableau du sacre et 52 000 francs pour la Distribution des Aigles.
Du 7 février au 21 mars 1808, l'œuvre est exposée au Salon de peinture annuel ; en 1810, elle est présentée au concours des prix décennaux.
Après la chute de Napoléon, le tableau reste la propriété de David jusqu'en 1819, année où le peintre le cède aux musées royaux qui l'entreposent dans leurs réserves jusqu'en 1837. Il est alors installé dans la salle du Sacre du musée historique du château de Versailles sur ordre du roi Louis-Philippe.
En 1889, il est expédié au musée du Louvre, et remplacé à Versailles par une réplique de la main du peintre commandée par un groupe d'hommes d'affaires américains en 1807, commencée en 1808 et achevée en 1822 pendant son exil à Bruxelles.