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Jeanne d'Arc conduite devant le roi Charles VII à Chinon, Enluminure sur parchemin, c.1484, BnF (Département des manuscrits), Paris |
L'image
Cette enluminures parchemin appartient à une série peinte à la fin du xve siècle et ornant
Les Vigiles de Charles VII, manuscrit de Martial d'Auvergne, daté de 1484 et dont l'original est conservé au Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France (BnF) à Paris.
Elle est intitulée
Jeanne d'Arc conduite devant le roi Charles VII à Chinon. La scène est censée se passer entre le 23 et le 25 février 1429, bien que l'on sache aujourd'hui que la grande scène de présentation de Jeanne d'Arc devant la cour n'a eu lieu qu'un mois plus tard, le 25 mars 1429.
Sur cette image
La Pucelle est représentée avec des cheveux longs blonds et vêtue d'une robe blanche... alors que, selon la légende, elle est supposée se présenter au roi portant des habits masculins et arborant la coupe dite en
sébile ou en
écuelle, à la mode masculine d'alors, c'est à dire
"la chevelure taillée en rond au-dessus des oreilles, avec la nuque et les tempes rasées ". Ce n'est ni la première ni la dernière incohérence dans le récit de cette toujours mystérieuse héroïne française et Sainte majeure de l'église catholique.
Les faits
La légende raconte que lors de sa présentation à la Cour, Jeanne d'Arc fut capable de reconnaître Charles au beau milieu de ses courtisans alors qu'il était vêtu d'habits qui n'étaient pas ceux de sa condition. En réalité, arrivée à Chinon le mercredi 23 février 1429, Jeanne n'est reçue par Charles VII que deux jours plus tard, non dans la grande salle de la forteresse en présence de la Cour mais seule à seul, dans sls appartements privés de Charles, lors d'une entrevue au cours de laquelle elle lui parle de sa mission. Considérant que seul le sacre à Reims confère la dignité royale, la Pucelle s'adresse alors à Charles VII en usant du titre de "
Dauphin" ou
" Gentil Dauphin ".
La grande réception devant la Cour à l'origine de la légende n'a lieu en réalité qu'un mois plus tard, le 25 Mars1429.
Dans l'intervalle Jeanne est logée dans la tour du Coudray.
Lors de sa fameuse réception à la cour, Jeanne annonce publiquement et clairement quatre événements :
- la libération d'Orléans,
- le sacre du roi à Reims
- la libération de Paris
- la libération du duc d'Orléans.
A la suite de ses révélations, on la fait interroger par les autorités ecclésiastiques à Poitiers. Des docteurs en théologie réalisent son examen de conscience et des matrones, sous la haute autorité de la duchesse douairière d'Anjou, belle-mère du roi, constatent sa qualité de femme et sa virginité ; ces deux derniers points étant des exigences absolues pour qui se disait «
envoyée de Dieu ». Enfin, après avoir fait réaliser une enquête dans la ville natale de Jeanne, à Domrémy, Charles donne son accord pour l'envoyer à Orléans assiégée par les Anglais.
C'est en avril 1429, que Jeanne d'Arc part pour Orléans, non pas à la tête d'une armée comme le dit là aussi la légende, mais avec un convoi de ravitaillement. Ses frères la rejoignent. On l'équipe d'une armure et d'une bannière blanche frappée de la fleur de lys, elle y inscrit
Jesus Maria, qui est aussi la devise des ordres mendiants (les dominicains et les franciscains).
En partance de Blois pour Orléans, Jeanne expulse ou marie les prostituées de l'armée de secours et fait précéder ses troupes d'ecclésiastiques. Arrivée à Orléans le 29 avril, elle apporte le ravitaillement et y rencontre Jean d'Orléans, dit « le Bâtard d'Orléans », futur comte de Dunois. Elle est accueillie avec enthousiasme par la population, mais les capitaines de guerre sont réservés. Avec sa foi, sa confiance et son enthousiasme, elle parvient à insuffler aux soldats français désespérés une énergie nouvelle et à contraindre les Anglais à lever le siège de la ville, à peine une semaine plus tard, dans la nuit du 7 au 8 mai 1429.
Ces premières incohérences (proches d'être des énigmes d'ailleurs) ne sont évidement pas les seules dans l'histoire extraordinaire de Jeanne d'Arc et dans sa première rencontre avec Charles VII.
Ainsi comment expliquer qu’une petite bergère, tout juste sortie de l’adolescence (à sa mort elle dit avoir 19 ans !) soit capable de monter à cheval comme un chevalier et de mener des charges comme un capitaine ?
Comment expliquer qu’une petite paysanne lorraine parle au roi et à sa cour dans une langage qu'il puisse comprendre, c'est à dire dans un français de Cour très éloigné de son patois lorrain de bergère ?
Comment expliquer que dans cette langue savante, elle soit capable de tenir tête aux juristes aguerris et aux théologiens de son tribunal ?
Parmi les explications couramment données mais jamais prouvées ce jour : Jeanne aurait été la bâtarde que la Reine Isabeau de Bavière aurait eue avec le Duc d’Orléans.