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Réplique du collier de la Reine, Cabinet des trésors, Château de Breteuil, France |
L 'image
Elle représente une réplique en Zircone du célèbre collier dit " de la reine " conservé au Cabinet des Trésors du Château de Breteuil (France), l'original ayant été dépecé au moment de " l'affaire ".
En réalité, l'original de ce bijou en diamants avait était commandé en 1772 par le roi Louis XV qui souhaitait en faire cadeau à sa dernière favorite, Madame du Barry. Louis XV demanda alors aux joailliers parisiens Bœhmer et Bassange de créer "
un collier de diamants qui fut inégalable".
Ce fabuleux collier - dont cette réplique est l'exacte copie - se composait de nombreux gros diamants disposés selon un dessin élaboré, de festons, de pendentifs et de panicules, apportant à la composition un faste certain. Du fait de la qualité des pierres à collecter, la fabrication d'une telle parure chez Bœhmer et Bassange prit un certain nombre d'années...
Mais voilà qu'avant son achèvement, Louis XV vient à mourir.
Les bijoutiers, n'ayant plus de commanditaire, espérèrent logiquement le vendre à la nouvelle reine de France, Marie-Antoinette.
En 1778, le nouveau roi Louis XVI souhaita même lui offrir ce collier qu'il se fit présenter par les joailliers... mais la jeune reine Marie-Antoinette le refusa. Selon sa femme de chambre madame Campan qui relate l'épisode dans ses
Mémoires, la reine aurait déclaré que la somme colossale demandée pour ce collier (1.600.000 livres) serait mieux dépensée pour "
l'équipement d'un navire de guerre".
Certains versions prétendent que Marie-Antoinette aurait refusé le collier parce qu'elle n'avait pas envie de porter un bijou qui avait été conçu pour cette vieille Madame du Barry, qu'elle avait détestée et dont elle se considérait l'ennemie.
Selon d'autres versions, c'est Louis XVI lui-même qui aurait changé d'avis et reculé devant le prix exorbitant du bijou.
Toujours est il qu'après avoir vainement essayé de placer le collier hors de la France, les bijoutiers dépités tentèrent une nouvelle de le vendre à Marie-Antoinette après la naissance du dauphin Louis-Joseph en 1781.
En vain, car la reine le refusa à nouveau, au même motif du prix.
Les faits
Le scandale connu sous le nom de
"affaire du collier de la reine" est un des plus célèbres du XVIIIe siècle menant comme l'a justement écrit Goethe dans sa correspondance à "
la préface immédiate de la Révolution".
Cette affaire fut résumée de façon cinglante par Fréteau de Saint-Just, magistrat du Parlement de Paris :
« Un cardinal escroc, la reine impliquée dans une affaire de faux ! Que de fange sur la crosse et le sceptre ! Quel triomphe pour les idées de liberté ! »
Bien que Marie-Antoinette eut été totalement étrangère à toute l'affaire, l’opinion publique ne voulut pas croire en l’innocence de sa reine. Accusée depuis longtemps de participer, par ses dépenses excessives, au déficit du budget du royaume (ce qui n'était pas totalement vrai), elle subit à cette occasion une avalanche d’opprobres sans précédent. Les libellistes déchainèrent leur haine dans des pamphlets calomniateurs où
« l’Autrichienne » (aussi appelée moins aimablement «
l'autre chienne ») était accusée de se faire offrir des diamants pour prix de ses amours avec un prélat coureur de jupon.
C'était vite oublié que les joailliers Bœhmer et Bassange avaient essuyé deux refus de la part de la reine elle-même, concernant cette parure. Qu'importe ! Certains courtisans se demandaient si le refus était sincère ? Ne masquait-il pas une envie secrète ?
C'est justement à la suite des refus royaux réitérés qui faisaient jaser tant et plus dans les couloirs de Versailles que l'idée vint à deux courtisans escrocs de tirer profit de cette "non situation" !
A ce moment donc, entrent en scène Madame de la Motte et Louis-Marc-Antoine Rétaux de Villette, faussaire en écriture de ses amis, connu autour des tables de jeux de Versailles pour imiter à la perfection la signature de "
Marie-Antoinette de France ".
Madame de la Motte en vient à persuader rapidement un très haut personnage du royaume et prince de l'Eglise, le cardinal Louis de Rohan (plus viveur que prélat) qu'il parviendrait à obtenir les faveurs de la reine s'il l'aidait à acheter ce collier qu'elle convoitait en secret mais qu'elle ne pouvait acquérir.
Madame de la Motte ne connaissait ni le roi ni la reine, mais étant née Jeanne de Valois-Saint-Rémy, descendante du roi Henri II et de sa maîtresse Nicole de Savigny, elle pouvait être fondée - en tant que descendante attestée des Valois, titre pour laquelle elle touchait une pension de Louis XVI - à se prévaloir d'une certaine proximité avec le couple royal... même si cette proximité n'existait pas et surtout aux yeux d'un esprit aussi benêt que celui du cardinal de Rohan, prêt à croire tout et n'importe quoi pourvu qu'on flattât son ego. Ce très lointain "cousinage royal" suffit aussi à apporter à Madame de la Motte un crédit nécessaire auprès des joailliers Bœhmer et Bassange, aux abois du point de vue financier et prêts eux aussi, à accepter n'importe quelle solution qui pourrait leur éviter la faillite.
Avec l'aide des fausses lettres royales fabriquées par son compère Rétaux de Villette, Madame de la Motte persuada donc les joailliers de livrer le collier au cardinal de Rohan qui devait le lui remettre, elle même se chargeant de la faire parvenir discrètement à la reine, sa trèsvague cousine.
Le 25 janvier 1785, les deux joailliers parisiens livrent donc enfin la somptueuse rivière de diamants de Madame du Barry à Versailles, au prince-cardinal de Rohan.
On connait la suite !
S'étant fait livrer le collier par les joailliers, le prélat le confie aux deux escrocs en pensant qu'ils le remettront de sa part à la reine. Mais La Motte et Des Reaux dessertissent aussitôt les plus grosses pierres et vont les revendre rapidement à Bruxelles et à Londres.
Boehlmer et Baussange ne sont pas payés et les escrocs ont vite faits de dépenser tout le butin !
Le scandale éclate publiquement plus de 6 mois plus tard, le jour de l'Assomption, le 15 août 1785, avant la messe que doit célébrer à Versailles, le cardinal de Rohan, Grand Aumonier de France. La reine ayant eu vent de l'escroquerie, en avait parlé au roi le 14 août au soir. Le 15, le roi fait donc arrêter le cardinal au moment où il pénètre dans la Chapelle royale pour dire la messe.
Désarmant d'honnêteté et, de façon assez malhabile, Louis XVI confia l'instruction de l'affaire au Parlement. Or, le royaume était alors en pleine crise financière (en grande partie à cause des sommes colossales engagées pour soutenir les Insurgés anglais aux Amériques) et les parlementaires, ne cessaient de reprocher au roi et à son ministre Calonne de vouloir instituer un impôt payable par tous, y compris les plus riches !
L'affaire du collier arriva à point nommé pour salir la reine et, par ricocher, affaiblir le gouvernement.
A l'issue du procès, la reine fut grossièrement calomniée et le cardinal relaxé ! Madame de la Motte fut emprisonnée à la Salpétrière, d'où elle s'évada assez rapidement vers Londres, où elle écrivit un livre ordurier et totalement mensonger qui "relatait" l'affaire selon son point de vue.
C'était le comble de l'humiliation pour Marie-Antoinette qui prit l’acquittement du cardinal comme un camouflet. De la part des juges, cet acquittement signifiait qu’on ne saurait tenir rigueur au cardinal d’avoir cru que la reine pouvait lui envoyer des billets doux, lui accorder des rendez-vous galants dans le parc de Versailles et acheter des bijoux pharaoniques par le biais d’hommes de paille en cachette du roi. C’était sous-entendre que de telles frasques n'auraient rien eu d'invraisemblable de la part de la reine. Et c’est bien dans cet esprit que le jugement fut rendu, et qu'il fut pris dans l’opinion.
Tout cela était faux mais tout cela mena à la Révolution.
Il reste de cette incroyable escroquerie un superbe roman d'Alexandre Dumas :
Le collier de la reine où l'auteur, en bon républicain qu'il était, ne rendit pas forcement justice à une reine que l'Histoire a reconnu comme innocente de ses turpitudes depuis lors.