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Il s'agit des deux pages extraites du
Traité des Capitulations négocié entre l'Empire Ottoman et la France le 4 Février1536, par l'intermédiaire de l'ambassadeur Jean de La Forest et d'Ibrahim Pacha. Ce traité n'avait pas été le premier et ne sera pas le dernier signé entre les deux puissances.
En effet ce que l'on appelle
Les Capitulations de l'Empire ottoman furent une succession d'accords entre l'Empire ottoman et le royaume de France. dont la premier fut signé en 1500 par Louis XII et le Sultan d'Egypte et qui ouvraient des droits et des privilèges aux chrétiens résidant dans les possessions ottomanes, à la suite de la chute de l'Empire byzantin. En 1536, François Ier est cependant le premier roi de France à conclure une alliance directe avec l'Empire ottoman, principalement dans le but de briser la toute-puissance de l'Empire des Habsbourg en Europe.
Les faits
Le 4 février 1536, le roi de France, François 1er signe le traité des Capitulations avec le sultan Soliman le Magnifique. Il offre aux navires battant pavillon français le privilège de commercer avec toutes les côtes de l'empire turc, ce qui va assurer la prospérité de Marseille. Il confie aussi au roi de France la protection des Lieux Saints et des chrétiens de l'empire. C'est grâce à ce Traité notamment que les bénédictins prirent le monastère Sainte-Marie-de-la-Miséricorde à Galata (Constantinople), le renommèrent Abbaye Saint-Benoit et le placèrent dès 1540 sous la protection de l’ambassade de France auprès de la Sublime Porte. Grâce à ce statut privilégié, les bénédictins devinrent de fait les protecteurs des populations catholiques de l’Empire ottoman. Cette institution existe toujours au 21e siècle, sous la forme du Lycée Saint-Benoît. Ce traité atteste donc que l'intérêt national l'emporte sur la solidarité des chrétiens face aux menaces ottomanes. En gros : chacun désormais défend ses propres intérêts, au delà de la communauté d'appartenance confessionnelle. L'empire turc est un État comme un autre, avec lequel on s'allie, on fait la guerre et on commerce en fonction des intérêts de chacun.
En 1569, le roi Charles IX signe un nouveau
Traité de Capitulations avec le Sultan Selim II, successeur de Soliman le Magnifique. Négocié par Guillaume de Grandchamp de Grantrie, ambassadeur de France en poste à la Sublime Porte, il permet au royaume de France de récupérer des navires et des biens confisqués par les Ottomans en règlement de dettes.
En 1604, le roi Henri IV obtient du sultan Ahmet Ier l'application de deux propositions relatives à la protection des pèlerins chrétiens et des religieux responsables de l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem.
En 1673, Louis XIV signe avec le sultan Mehmed IV un accord qui octroie de nouveaux droits et protections aux pèlerins et gardiens de lieux chrétiens sous contrôle ottoman.
En 1740, Louis XV obtient de confier à l'ordre des Franciscains, protégés de la France, les réparations la coupole du Saint-Sépulcre, ce qui revenait à reconnaître leurs droits de propriété sur le Saint-Sépulcre, également revendiqués par les Grecs et les Arméniens.
Sous le Second Empire, Napoléon III se réclamera de cet accord franco-ottoman pour faire pression sur la Russie et déclenchera ainsi la Guerre de Crimée. L'expédition de 1860 envoyée par l'empereur Napoléon III pour mettre un terme au massacre des maronites étant considérée comme une suite logique du rôle déjà ancien de la France au Levant.
Le
Traité des Capitulations restera en vigueur jusqu'à fin de la Première Guerre mondiale, mais les relations privilégiées entre la France et l'Empire ottoman ne prirent fin qu'à la fin de l'existence de l'Empire ottoman lui même, en 1923.