L'image
Cette enluminure persane de Siyer-i Nebi datant de 1595 représente le prophète Mahomet à la tête d'une armée composée de musulmans Yathribins de Médine, pendant la bataille d'Uhud (625).
Il s'agit donc d'une vision postérieure de près de 1000 ans à la bataille elle-même, pendant laquelle l'armée de Mahomet est présentée comme triomphante et victorieuse, laissant sur le champs de bataille des têtes coupées à foison... ce qui ne fut pas vraiment le cas dans la réalité puisqu'elle ne fut pas victorieuse !
Les faits.
Le 21 mars 625, en plein désert, le prophète Mahomet (c. 570 - c.632) et son armée de musulmans Yathribins stationnés près de Médine sont attaqués par plusieurs milliers d'hommes (entre 3 et 10000 selon les sources) faisant partie du clan des traditionalistes Koraichites (ou Quraychites) venus de La Mecque et placé sous le commandement de leur chef Abu Sufyan ibn Harb (560-652), petit fils de Umayya.
La bataille se déroule autour du mont Uhud (quelquefois appelé Ohod) à 5 km au nord de l'oasis de Médine, fief de Mahomet.
Les Mecquois et Abu Sufyan ibn Harb avaient été défait quelques mois plus tôt par Mahomet et les musulmans Yathribins de Médine au puits de Badr lors d'une bataille qui fit beaucoup pour la reputation de Mahomet en particulier grâce à l'immense butin qu'elle rapporta. Cette victoire fut immédiatement attribuée à l'aide d'une intervention divine, si bien que l'on peut lire dans le Coran (traduction de Kazimirski) :
" Il vous a donné la victoire à Badr alors que vous étiez faibles. Craignez-le et rendez grâce. "
Lors de la Bataille d'Uhud, ayant juré aux Koraishites de La Mecque de venger l'affront du puits de Badr, Abu Sufyan ibn Harb et sa cavalerie mettent sérieusement à mal les musulmansYathribins de Médine et en particulier Mahomet lui-même qui est gravement blessé au combat.
Croyant Mahomet mort, Abu Sufyan ibn Harb se retire sans tenter de prendre d'assaut l'oasis de Médine. Il rentre triomphalement à La Mecque. Mahomet, de son côté, profite du répit pour affermir son autorité sur Médine.
Ainsi selon l'islamologue Maxime Rodinson, le jour de la bataille du mont Uhud marque la naissance du premier État musulman du monde.
Deux ans plus tard en mai 627, a lieu la «
Bataille du fossé ». au cours de laquelle une armée de Mecquois d'environ 10 000 hommes et 600 chevaux, toujours commandée par Abu Sufyan, marche sur Médine. Un esclave persan, Salman le Persi, conseille à Mahomet de ceinturer l'oasis d'un fossé défensif. Inaccoutumé en Arabie, ce stratagème oblige les ennemis à renoncer après vingt jours de siège infructueux. C'est une nouvelle victoire pour les musulmans de Médine.
Les Koraishites de La Mecque comprennent qu'il ne leur reste plus qu'à se soumettre. C'est chose faite par le traité d'Hudaïbiya, en 628 (629 selon d'autres sources).
Peu de temps après, Mahomet épouse la fille Abu Sufyan ibn Harb, Umm Habîba, qui se convertit à l'Islam. .
C'est partir de ce moment là que Mahomet réussit à établir son pouvoir sur les tribus de la partie occidentale de la péninsule arabe.
Selon certains historiens, il n'est pas certain qu'il ait alors eu conscience d'installer une religion nouvelle.
Agissant avant tout en conquérant et en chef de guerre, Mahomet constitue autour de lui une communauté de fidèles ou de "
ralliés ", véritable traduction du mot
mu'min qui a été traduit en français par
« musulman ».
Ses préceptes religieux contribuent à la cohésion du groupe...
Le 11 janvier 630, Mahomet entre à la Mecque à la tête d'une armée de 10000 hommes. Il se rend à la Kaaba, le sanctuaire de tous les Arabes,
"frappe les idoles aux yeux" et ordonne de les détruire avant de s'en retourner à Médine.
Le même jour, Abu Sufyan ibn Harb se convertit à son tour à l'Islam.
Le 10 mars 632, peu avant de mourir, le prophète Mahomet accomplit un pèlerinage de trois jours à la Kaaba, débarrassée de ses idoles. Monté sur sa chamelle, il accomplit les sept circuits rituels, en touchant la Kaaba de son bâton. Puis il recommande à l'ensemble de ses " ralliés "d'accomplir au moins une fois dans leur vie semblable "pélerinage".