La photo
Cette photo prise en 1881 montre le Tsar Alexandre II (1818-1881), né Alexandre Nikolaïevitch Romanov à l'âge de 62 ans, quelques semaines avant son assassinat.
Les faits
Principalement connu pour ses grandes réformes libérales, comme l'abolition du servage en 1861, la reforme de l'enseignement et du statut des universités en 1863 ou la séparation de la justice et de l'administration en 1864, il est assassiné le 13 mars 1881 lors d'un attentat organisé par le groupe anarchiste
Narodnaïa Volia (La Volonté du Peuple).
Le tsar Alexandre II est assassiné le jour même où il venait de signer une nouvelle Constitution pour son pays.
Monté sur le trône à l'âge de 37 ans, Alexandre II engage sans attendre de courageuses réformes qui, même si elles sont incomplètes, s'apprêtent à changer profondément l'image de la société russe.
Mais le 4 avril 1866, un étudiant, Dimitri Karakosov, tire sur le Tsar et le manque de peu.
Ce premier attentat contre la personne sacrée du tsar sème la consternation dans le pays.
Une récidive a lieu le 1er juin 1867, lors d'une visite du souverain à Paris.
Cette deuxième tentative d'assassinat laisse Alexandre II amer et troublé et l'incline à durcir ses positions.
Ainsi après un début de règne réformateur, il se replie derrière une forte répression envers les "esprits nouveaux" (étudiants et nihilistes) qui s'intéressent aux mouvements réformateurs venus d'Europe. Les arrestations arbitraires se multiplient, de nombreux intellectuels réformateurs se retrouvent emprisonnés dans la forteresse Pierre-et-Paul.
Chez les étudiants anarchistes, la fièvre ne descend pas. Serge Netchaïev, fils de paysan, disciple de Michel Bakounine et Pierre Proudhon, prône dans son
Catéchisme révolutionnaire l'anéantissement de l'État et l'assassinat des opposants.
Une nouvelle organisation révolutionnaire secrète, du nom de
Zemlia i Volia («
Terre et Liberté ») nait en 1874. Son propos est radical : les révolutionnaires ne doivent compter que sur eux-mêmes pour en finir avec l'autocratie.
Le 9 janvier 1878, une jeune fille, Vera Zassoulitch, tire sur le chef de la police. Son procès tourne à celui de la victime, célèbre pour sa brutalité, alors que la jeune fille, elle, est acquittée.
Il s'ensuit une émulation chez les révolutionnaires.
D'autres attentats surviennent immédiatement dans la foulée de celui-ci, contre les représentants de la justice et de la police.
Le tsar lui-même essuie plusieurs coups de feu le 2 avril 1879, aux abords de son palais.
C'est alors que naît une nouvelle organisation secrète, Narodnaïa Volia (
La Volonté du Peuple). Elle se donne pour but ni plus ni moins que d'assassiner le tsar en personne.
Le tsar est désormais traqué comme une bête au cours d'une chasse et les deux années qui lui restent à vivre seront parsemées de toute une série d'attentats manqués. Ainsi un première fois, il échappe à un attentat qui détruit le train de sa suite, puis une autre fois à une explosion qui détruit la salle à manger de son palais et fait onze victimes parmi les soldats de la garde.
Excédé par cette vie de traque permanente et ne comprenant pas pourquoi lui, un tsar réformiste, est à ce point la cible de l'intelligentsia, Alexandre II confie par un décret du 12 février 1880, des pouvoirs dictatoriaux au comte Loris-Mélikov, héros de la guerre contre la Turquie, avec mission d'éradiquer le nihilisme et d'achever la réforme des institutions.
Huit jours apres sa nomination, le comte Loris-Mélikov échappe de peu à une attaque au pistole. t
A peine quelques semaines plus tard, la Russie essuie une rebuffade du gouvernement français auquel elle réclame l'extradition de l'auteur de l'attentat contre le train impérial. L'éloquence de Victor Hugo a eu raisonne l 'occurrence de la raison d'État.
Le 18 juillet 1880, le tsar épouse en secret sa jeune maîtresse. Dans son désir de la faire couronner impératrice, il songe à une grande réforme qui lui vaudrait l'indulgence de son peuple. Il s'apprête donc à renouer avec le libéralisme de sa jeunesse en instituant des commissions de notables pour préparer l'avènement d'une monarchie constitutionnelle.
C'est compter sans les comploteurs de Narodnaïa Volia, au nombre de quatre. Il s'agit de jeunes bourgeois obsédés par la haine de l'autocratie. Parmi eux Sophie Perovski, fille de l'ancien gouverneur militaire de Saint-Pétersbourg ! L'arrestation de son amant, Jeliabov, ne la décourage pas. La date fatidique est fixée au dimanche 13 mars 1881 (soit le 1er mars selon le calendrier Julien alors en vigueur en Russie).
Le tsar est prévenu d'un projet d'attentat fomenté suite à l'arrestation de Jeliabov, mais il ne veut pas pour autant renoncer à assister à la relève dominicale de la garde.
Juste avant de s'y rendre, il signe la convocation des futures commissions appelés à réformer la monarchie.
Après la relève de la garde, le coupé impérial s'engage sur le quai du canal Catherine. Là sont postés quatre lanceurs de bombes aux ordres de Sophie Perovski. Le souverain échappe à une première bombe. Il s'avance au milieu des morts et des blessés et veut lui-même s'adresser au terroriste. C'est alors qu'un complice lance une deuxième bombe. Celle-là est fatale au tsar qui meurt dans l'après-midi. Le terroriste est également tué par sa bombe.
La mort du tsar et l'avènement de son fils sous le nom d'Alexandre III entraînent le retour à l'autocratie. C'est la fin des réformes.
Une tragédie pour la Russie et accessoirement pour l'Europe qui mènera à une autre tragédie : la révolution bolchévique de 1917.