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Ouverture de la négociation d'Utrecht en 1712 |
Les faits
Louis XIV (1643-1715), roi vieillissant qui arrive au terme de son long règne, est parvenu à faire acquérir à la France un immense prestige en Europe, malgré ses difficultés dans la Guerre de Succession d'Espagne.
En 1700, le roi d'Espagne Charles II, sans enfant, avait légué son royaume au duc Philippe d'Anjou, petit-fils du roi de France Louis XIV. Craignant de voir la France et de l'Espagne, fusionner sous la couronne d'un seul Bourbon, plusieurs États européens, dont les deux principaux l'Angleterre et l'Autriche, se coalisèrent contre les Bourbons. Venant encore plus renforcer cette crainte, en 1711, le Grand Dauphin, seul fils légitime survivant de Louis XIV avec la la Reine Marie-Thérese, décède de la variole à 49 ans. En 1712, une épidémie de rougeole ravage lie nouveau la famille royale et emporte l'aîné des trois petits-fils du Roi. Le nouveau dauphin, le duc de Bourgogne, meurt à 29 ans avec son épouse et son fils de 5 ans. Ne survit qu'un petit garçon de 2 ans, Louis (futur Louis XV), sauvé de l'épidémie par sa gouvernante mais qui reste affaibli : il est le dernier arrière-petit-fils légitime du roi régnant.
L'âge de Louis XIV et la santé très fragile de l'enfant qui est désormais son héritier posent un grave problème dynastique. En effet, si l'enfant venait à mourir, l'héritier théorique aurait alors été le deuxième fils du « Grand Dauphin », seul petit-fils légitime du roi depuis la mort de ses frères. Mais était devenu roi d'Espagne en 1700 sous le nom de Philippe V, celui-ci régnerait alors sur deux des plus puissant royaume européens, cauchemar que ni l'Angleterre ni l'Autriche ni la Prusse ne veulent imaginer !
Le 29 Janvier 1712, une négociation en vue du régler de ce problème, s'ouvre donc à Utrecht réunissant les diplomates de la France et de l'Espagne face aux représentants de l'Angleterre, de la Hollande, du Portugal, de la Savoie et de la Prusse. Après quatorze mois de négociations pénibles entrecoupées de multiples rebondissements militaires et de batailles meurtrières, le 11 avril 1713, les diplomates anglais et français signent le Traité qui met fin à cette Guerre de la Succession d'Espagne, traité dans lequel Philippe V de Bourbon, roi Espagne renonce explicitement
" à tous ses droits au trône de France, pour lui et pour ses descendants ".
Ce premier Traité est suivi par un second, le 13 juillet 1713, signé entre l'Espagne et l'Angleterre, les deux étant connus sous le nom de Traité ou Traités d'Utrecht.
La signature des Traités D'Utrecht du 11 avril et du 13 juillet 1713 donne lieu à une vaste redistribution des cartes en Europe, qui peut évoquer a posteriori celle des futurs Traités de Vienne (1815) et de Versailles (1919).
Ils consacrent l'effacement de l'Espagne de l'avant-scène européenne. L'Espagne grande perdante de ces traités, doit abandonner le Milanais et la Sicile qui vont au duché de Savoie, les Pays-Bas méridionaux (l'actuelle Belgique) qui vont à la Hollande et enfin Naples et la Sardaigne qui vont à l'Autriche. Son territoire métropolitain lui-même est amputé de l'île de Minorque et de Gibraltar qui échoient à la couronne britannique... et lui appartiennent d'ailleurs toujours de nos jours !
Ces deux traités inaugurent du même coup l'extraordinaire l'ascension de l'Angleterre qui jette à partir de ce moment là, les fondations d'un empire colonial planétaire avec la prise de possession de Terre-Neuve , de la baie d'Hudson, de l'Acadie et de Saint-Christophe (Antilles) cédés par la France.
Les Provinces-Unies, bien que victorieuses, cèdent à leurs rivaux anglais la primauté maritime et commerciale. L'Allemagne et l'Italie restent divisées, malgré la montée en puissance de la Prusse et de la Savoie. La France quant à elle, conserve quelques «beaux restes», ses frontières, puissamment fortifiées par Vauban, la tenant à l'abri de toute invasion jusqu'en 1792.
C'est en français que sont rédigés les Traités d'Utrecht, une première dans le monde diplomatique où car tous les actes étaient précédemment rédigés en latin. Le français devient ainsi pour deux siècles, jusqu'au Traité de Versailles (1919), la langue de la diplomatie mondiale, statut qu'il conserve encore peu ou prou de nos jours, le français étant encore une des langues officielles de l'Organisation des Nations Unies.