L'image
Il s'agit d'un détail de la mosaïque de l'entrée sud-ouest de l'ancienne basilique Sainte-Sophie de Constantinople aujourd'hui Istanbul (Turquie). L'empereur Constantin 1er y présente dévotement un modèle de sa ville (Constantinopolis) à la Vierge Marie.
Les faits
Flavius Valerius Aurelius Constantinus, né à Naissus en Mésie (aujourd'hui Niš en Serbie) le 27 février 272, est proclamé 34e empereur romain sous le nom Constantin Ier en 306 par les légions de Bretagne (actuel sud de la Grande Bretagne).
Malade, épuisé par un règne agité, il meurt le 22 mai 337, âgé de 60 ans, à Ancyrona, dans les faubourgs de Nicomédie (aujourd'hui Izmit, au sud de la mer de Marmara), tandis qu'il tente de regagner en toute hâte sa capitale, Constantinople.
Avant de rendre le dernier soupir, Constantin 1er a le temps de recevoir le baptême des mains de l'évêque Eusèbe de Nicomédie, suivant la coutume alors en vogue chez les chrétiens, qui attendaient l'imminence de la mort pour recevoir le baptême, celui-ci lui assurant la rémission des péchés antérieurs... et ils étaient assez nombreux et fréquents dans son cas pour attendre la dernière seconde!)
Sa conversion et son action en faveur de l'Église lui valent d'être vénéré encore aujourd'hui comme un saint par les chrétiens orthodoxes qui le considèrent à l'égal des Apôtres du Christ....
Pourtant on ne peut pas dire que, sa vie durant, il eut un comportement particulièrement vertueux !
Dès ses jeunes années, Constantin fut partagé entre la nouvelle religion héritée de sa mère (Hélène, elle aussi élevée au rang de Sainte) et le culte très en vogue à son époque de
Sol invictus (le Soleil invaincu), qui amorçait une évolution du polythéisme païen vers le monothéisme à la façon hébraïque ou chrétienne ; une pièce de monnaie représente d'ailleurs Constantin avec le profil de Sol Invictus.
Sa conversion au Chrisitiannisme sera donc purement opportuniste et politique et n'aura rien de mystique. Constantin n'est en effet pas un modèle de bonté évangélique n'hésitant pas à faire exécuter son beau-père (l'ex-empereur Maximien Hercule), mais aussi son propre fils, sa femme Fausta, son beau-frère Licinius, et quelques autres gêneurs... S'il n'est pas un modèle de vertu, Constantin est un fin politique. Ainsi la christianisation de l'Empire romain (en majorité païen) ne s'opérera jamais à marche forcée sous son règne, l'unité passant, à ses yeux, avant tout.
Le ralliement de Constantin au christianisme s'accompagna d'une politique impériale favorable aux chrétiens, mais le paganisme ne fut jamais persécuté, lui même hésitant de façon assez politiquement fine entre plusieurs cultes. C'est ainsi Constantin fit du jour du soleil païen (
dies solis), le dimanche, un jour de repos légal.... ce qui est toujours le cas de nos jours, dans la tradition chrétienne !
Il se mêle aussi très activement des affaires de l'Église et convoque un concile oecuménique à Nicée pour surmonter des divergences entre partisans d'Arius et partisans d'Athanase d'Alexandrie sur la question subtile de la divinité du Christ. A la fin de sa vie, oubliant sciemment ses précédentes décisions en faveur de l'unité doctrinale du christianisme, l'empereur Constantin, cède aux arguments d'un évêque arien, Eusèbe de Nicomédie, celui-là même qui le baptisa sur son lit de mort et remit en faveur l'arianisme, condamné par le Concile de Nicée.
Quand Constantin 1er meurt, il n'a pas réglé sa succession. Ses trois fils se proclament
Augustes, tandis que les autres membres de la famille impériale sont assassinés (sauf les jeunes Julien et Gallus). Ils se partagent l'Empire, mais Constantin II et Constant Ier entrent en conflit. Après les décès de ces deux frères, l'Empire sera réuni sous l'autorité du seul fils survivant de Constantin, Constance II, qui nomme deux césars, aux pouvoirs très réduits.
Ce nouvel empereur poursuit la politique de son père, autant dans le domaine religieux (il favorise l'arianisme) que militaire (en luttant sur les fronts germain, rhéno-danubien, et perse).
"L'hérésie" quant à elle qui favorisait l'arianisme, ne sera définitivement éliminée qu'au siècle suivant, en 451, lors du Concile de Chalcédoine.