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Johann Heinrich Füssli (1741-1825)
Les trois Confédérés faisant serment sur le Grütli, 1780 |
Une confusion existe encore aujourd'hui entre la signature du pacte fédéral d’août 1291 et le Serment du Grütli qui se situe en 1307. Le pacte fédéral proclamant l’alliance perpétuelle des trois communautés de Uri, Schwytz et Nidwald a bien été signé en 1291 mais il ne fut redécouvert que des siècles plus tard. Avant que ce pacte fédéral ne soit choisi comme pacte fondateur, le Serment du Grütli (1307), a longtemps joué ce rôle. Il est aujourd’hui considéré comme une légende mais, hors des ouvrages d’histoire, les deux pactes sont souvent confondus.
Le 1er août 1291, une trentaine de montagnards se réunissent dans la prairie de Grütli au-dessus du lac des Quatre-Cantons. Ils se prêtent serment d'assistance mutuelle contre les exactions de leur seigneur et les empâtements des Habsbourg. Cela constitute le pacte historique fédéral d'alliance perpétuelle scelle entre les communautés d’Uri, de Schwytz et d’Unterwald. Les hommes libres des vallées d’Uri, de Schwytz et d’Unterwald étaient notamment représentés par les trois Confédérés Arnold de Melchtal, Walter Fürst et Werner Stauffacher. Cet accord entre trois communautés situées dans ce qui, forme de nos jours, la Suisse primitive, a été considéré depuis le19e siècle comme l’acte fondateur de la Confédération des 3 cantons et reste un élément important de l’imaginaire populaire.
Cet évènement est donc un mythe fondateur de la Suisse de caractère légendaire en souvenir duquel à partir de 1891 les Suisses ont fait du 1er août leur fête nationale. Ce jour est chômé depuis 1994.
Rédigé en latin, le serment de prévoit que les confédérés se prêteraient secours en cas d'attaque, n'accepteraient aucun juge étranger, trancheraient leurs différends par l'arbitrage des plus sages, puniraient les criminels, incendiaires et voleurs.
Le pacte est conclu pour l'éternité mais ses signataires n'entendent en rien fonder une Nation.
Quand à l'histoire de Guillaume Tell, dont les Suisses aiment se délecter depuis le 15 e siècle, il semblerait qu'il s'agisse d'un condensé de différents récits oraux, rien n'attestant la réalité historique du célèbre héros national. On connait l'histoire de cet habile archer dont le personnage a servi tant de livrets d'opéra et de pièces de theatre : Guillaume Tell fut arrêté pour cause de désobéissance par le bailli Hermann Gessler qui gèrait les intérêts des Habsbourg. Le bailli lui imposa en guise de sanction de tirer avec son arbalète sur une pomme placée... sur la tête de son fils Walter. C'était ça ou la mort immédiate pour le père et le fils ! Prenant deux « carreaux » (flèches d'arbalète) entre les doigts, Guillaume Tell visa la pomme et la fendit en deux ! Le bailli lui demanda alors pourquoi il avait pris deux carreaux. Et lui de répondre que s'il avait touché son fils, il aurait aussitôt tué le bailli avec le second carreau...
Blog de Jean-Jacques Handali