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Assemblée du soviet de Petrograd en 1917 |
Dans la nuit du 6 au 7 novembre 1917 du calendrier grégorien (25 au 26 octobre selon le calendrier julien de l'ancienne Russie) les bolchéviques s'emparent des principaux centres de décision de la capitale russe, Petrograd, anciennement Saint-Pétersbourg.
Ce coup de force, qui n'a jamais bénéficié d'aucun soutien populaire ni constitutionnel est baptisé
« La Révolution d'Octobre » mais revendique dès ses origines son statut de dictature en proposant d' d'abattre la jeune démocratie russe instaurée quelques mois plus tôt et de mettre en place une «
dictature du prolétariat » inspirée par les principes marxistes.
Lénine qui a ourdi le complot, repart se cacher en Finlande aussitôt mis au point les détails de ces deux journées tragiques et laisse à son adjoint Trotski le soin de préparer l'insurrection.
Alexandre Kerenski, chef du gouvernement provisoire la démocratie russe, ne se méfie pas des bolcheviques et son s'insistance à poursuivre la Première Guerre mondiale - très impopulaire - a empêché la mise en œuvre des grandes réformes. Le programme bolchevique, reflété dans leurs slogans « P
aix immédiate », «
La terre aux paysans » et «
Tout le pouvoir aux soviets » (assemblées ou se prenne ntles décisions) favorise les bolcheviques.
Le 6 novembre 1917, au matin, la police tente de fermer une imprimerie du parti bolchevique. C'est l'occasion rêvée qu'attendaient les révolutionnaires pour se mobiliser !
Les partisans de Lénine assiègent alors le Palais d'Hiver, où sont réuni sle gouvernement provisoire et les ministres. Ces derniers ont pour les défendre en tout et pour tout 1300 soldats, cosaques et élèves-officiers, dont une unité de volontaires féminines.
Pour mieux donner à son coup de force l'allure l'ampleur d'une révolution, Lénine fait tirer le croiseur
Aurore, amarré à quelques centaines de mètres de là, sur un bras de la Néva.
Après quelques velléités de résistance, les élèves-officiers et les soldates se rendent. Les bolchéviques fêtent leur victoire par une immense beuverie, en vidant les bouteilles des caves bien fournies du Palais d'Hiver.
Peu après minuit, le gouvernement signe l'acte de capitulation.
« Jamais une échauffourée de si petite envergure (une dizaine de victimes, d'après les historiens soviétiques) n'a eu des conséquences aussi prodigieuses, et une fois de plus, le sort de la capitale décida de celui du pays tout entier », écrit Léon Poliakov (
Les totalitarismes du XXe siècle, Fayard).
Le lendemain, 7 novembre 1917, Trotski annonce officiellement la dissolution du gouvernement provisoire lors de l'ouverture du Congrès pan-russe des soviets des députés ouvriers et paysans (qui compte 649 délégués, dont 390 bolcheviks). Les représentants au soviet de tout le pays approuvent l'insurrection. Le congrès adopte les décrets transférant tous les pouvoirs aux soviets et adopte également un décret sur la terre, sur la paix, sur les nationalités et sur le contrôle ouvrier sur la production.
Sitôt après sa prise de pouvoir, Lénine met en place les instruments de la dictature. La presse
« bourgeoise » est étouffée. Une police politique, la
Tchéka), de sinistre mémoire, est créée le 7 décembre, toute grève est interdite dès le 20 décembre !
A leur tour, les partis politiques, vestiges de la démocratie Kerensky sont interdits à commencer par le parti K-D (constitutionnel-démocrate), ancré dans la gauche démocratique. Seul rescapé momentanée : le parti S-R (socialistes-révolutionnaires) principal parti de gauche, qui recueille une si écrasante majorité aux élections à l'Assemblée constituante que les bolcheviques - toujours très courageux- n'osent pas l'interdire frontalement.
Mais le camarade Lénine a plus d'un tour dans son sac ! Il proclame tout simplement que le pouvoir des Soviets, ces conseils populaires, solidement tenus en main par les bolcheviques, est supérieur à celui de l'Assemblée.
Un nouveau gouvernement, baptisé
« conseil des commissaires du peuple » est nommé.
Viennent ensuite dans la foulée :
- la promulguatiion le décret sur la terre :
« la grande propriété foncière est abolie immédiatement sans aucune indemnité », laissant aux soviets de paysans la liberté d’en faire ce qu’ils désirent, socialisation de la terre ou partage entre les paysans pauvres.
- la nouvelle abolition de la peine de mort (malgré les réticences de Lénine qui la jugeait indispensable)
- la nationalisation des banques
- le contrôle ouvrier sur la production, la création d’une milice ouvrière, la journée des 8 heures,
- la souveraineté et l’égalité de tous les peuples de Russie, leur droit à disposer d’eux-mêmes y compris par la séparation politique et la constitution d’un État national indépendant
- l'annulation des engagements russes sur les emprunts obligataires à étranger, ce qui créa une panique financière et la ruine de plusieurs petits épargnants (notamment en France où le succès de l'Emprunt russe avait été considérable)
- la suppression de tout privilège à caractère national ou religieux,
- la séparation de l'Église orthodoxe et de l'État,
- le passage du calendrier julien au calendrier grégorien...
Le 3 mars, le camarade Lenine conclut la désastreuse paix de Brest-Litovsk avec l'Allemagne.
Enfin Le 12 mars, le gouvernement se transporte à Moscou, la capitale des premiers tsars, au coeur de la Russie continentale, loin de l'Occident.
Au lendemain de la révolution d'Octobre, la Russie devient le premier pays socialiste (au sens marxiste) de l'Histoire.
Dès les premières heures qui suivent le 7 novembre, et jusqu’à nos jours, nombre d’acteurs et de commentateurs ont considéré la «
révolution d'Octobre » comme étant en réalité un simple coup d'État d’une minorité résolue et organisée, qui visait à donner «
tout le pouvoir aux bolcheviks » et non aux soviets. L'Humanité, principal quotidien socialiste français, titre ainsi le 9 Novembre 1917 sur le '
coup d’État en Russie qui vient d’amener Lénine et les « maximalistes » au pouvoir ".
Ces out état aura des conséquences sur toute l'histoire du 20e siècle et jusqu'à l'effondrement effondrement de l'URSS en 1991.
Le regime communiste issu du régime bolchevique perdura en Russie pendant 74 ans.
Blog de Jean-Jacques Handali