Le 20 décembre de l'an 69, l'empereur Vitellius (Aulus Vitellius Germanicus Imperator Augustus) est lapidé et égorgé par la foule des mécontents, sur le forum de Rom avant que son corps ne soit traîné par un croc de boucher dans toute la ville et jeté dans le Tibre.
Cet assassinat conclut une année troublée qui a vu trois généraux se succéder en quelques mois à la tête de l'empire romain : Galba, Othon et enfin Vitellius, après la mort tragique de Néron, dernier empereur de la ligne de César et d'Auguste.
Cette année 69 restera d'ailleurs dans l'histoire romaine sous l'appellation de
symptomatique de la deliquescence d'une régime qui n'a plus d'empire que le nom.
La personnalité même de l'empereur Vitellius et les conditions de son accession à la pourpre impériale sont assez explicite sur la décadence de l'empire romain.
Vitellius, loin d'être ambitieux, était plutôt paresseux et uniquement attiré par la nourriture et la boisson. Fils d'un consul et gouverneur de Syrie, Vitellius passa sa jeunesse à Capri au milieu des mignons de l'empereur Tibère. Il s'attira ensuite les faveurs de Caligula par ses qualités de conducteur de char et celles de Claude et Néron par ses qualités au jeu de dés. L'amitié de ces deux empereurs lui permit d'être tout d'abord consul en 484, puis aux alentours de 60-62 proconsul d'Afrique.
Après la chute de Néron, il est nommé, à la surprise générale, commandant des légions de Germanie inférieure par Galba. C'est là qu'il réussit à se faire apprécier par ses subalternes et ses soldats, pour son indulgence, sa prodigalité et sa démagogie.
Quelques jours avant la mort de Galba, assassiné par Othon, Vitellius est proclamé Imperator des armées de Germanie inférieure et supérieure par ses légions, le 2 janvier 69, à Colonia Claudia Ara Agrippinensium, aujourd'hui Cologne.
Très peu de temps après son arrivé à Rome, précédée par une série de pillages et d'exactions de sa soldatesque, commises en toute impunité, le nouvel empereur Vitellius provoque un mécontentement quasi général et des troubles éclatent très rapidement.
Vitellius est forcé d'abdiquer avant de se raviser, pendant que Titus Flavius Sabinus, préfet de Rome et frère de Vespasien, décide de prendre les rênes du pouvoir. Dans une atmosphère de chaos et de désordres publiques généralisé, les partisans de Sabinus se heurtent à ceux de Vitellus qui tous tentent de s'emparer du Capitole. Assiégés, le Capitole brûle. Sabinus est tué.
Antonius Primus qui commande les légions du Danube envahit l'Italie du Nord et bat l'armée de Vitellius à Crémone à la fin du mois d'octobre, avant de prendre ensuite la direction de Rome, livrée au désordre.
Les alliés de Vitellius se rallient, les uns après les autres, à Vespasien.
Vitellius tente de négocier une paix, sans succès.
Au moment même où les premiers bataillons de l'armée de Primus pénètrent dans Rome, Vitellius essaie de s'enfuir ! Il finit par se cacher dans la loge du portier de son palais où il sera débusqué et capturé par les hommes de Primus,... mais, reconnu par la foule romaine qui le hait, il est mis à mort de la façon décrite plus haut.
Son règne aura duré 8 mois.
A peine sa mort connue, les légions du Danube et de l'Orient, à Alexandrie, en Égypte, proclament le général Titus Flavius Vespasien empereur... presque malgré lui. Ce militaire de 60 ans, très éloigné de la lignée des Césars et de l'aristocratie romaine, sera l'homme providentiel que Rome attendait pour la sauver du chaos. Vespasien consolidera de manière remarquable, au cours des 10 années de son règne, l'oeuvre de Jules César et d'Auguste.
Blog de Jean-Jacques Handali