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Georg Heinrich Sieveking - Exécution de Louis XVI, d’après une gravure allemande de 1793. |
Ce 21 janvier 18793 Louis XVI âgé de 38 ans est exécuté sur la place de la Révolution (aujourd'hui place de la Concorde). De l'aveu même de ceux qui assistèrent à l'exécution, une première dans l'histoire de France, le roi mourut en homme digne et courageux.
Cet homme qui fut « roi par la grâce de Dieu » pour devenir après la première phase de la Révolution « roi des Français » paya de sa vie sa «trahison» bien réelle de la monarchie constitutionnelle, lorsque la preuve fut apportée par Mirabeau le 20 novembre 1792, qu'il complotait avec le duc de Brunswick (prince et général prussien) contre le gouvernement de la Législative.
Ce sera là d'ailleurs le motif principal de la condamnation du citoyen Capet quand le 3 décembre 1792, devant la Convention, Maximilien de Robespierre, au nom des Montagnards, réclame l'exécution de Louis XVI afin de légitimer la Révolution. Il invente pour l'occasion un concept et une expression qui ont été utilisés de nombreuses fois depuis lors, celui de « criminel envers l'humanité ».
Le courage ultime du roi devant l'échafaud efface quelque peu le souvenir de ses faiblesses, de ses erreurs et de ses faux-semblants qui ont entraîné l'Ancien Régime à sa perte, mais ne lui épargna pas la mort, votée à une voix près. En effet 707 députés sur 718 présents jugèrent le roi coupable de conspiration contre la sûreté de l'État. Par un vote qui dura 36 heures, les députés se prononcèrent sur la peine à appliquer.
Il s'en fallut d'une voix que Louis XVI n'échappe à la guillotine.
La veille de sa mort il avait résumé ainsi sa situation : « Je mourrai sans crainte. Je voudrais que ma mort fît le bonheur des Français et pût écarter les malheurs que je prévois, le peuple livré à l'anarchie, devenu la victime de toutes les factions, les crimes se succédant, de longues dissensions déchirant la France. »
Au moment de son execution , sous les roulements le roi, s'avança contre toute attente vers la foule et déclara d'une voix forte et parfaitement audible par tous, dans un silence total : « Je meurs innocent de tous les crimes qu'on m'impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France. »
Le général Berruyer, commandant en second de Paris donna alors l'ordre d'exécution.
L'abbé de Firmont cria alors au roi : « Fils de Saint Louis, montez au Ciel ! ».
À 10 h 22, la planche bascula, la lunette de bois se referma sur sa tête et le bourreau Charles-Henri Sanson actionna le couperet. Alors le procès verbal note que des citoyens recueille sur l'échafaud le sang du roi au bout de chiffons enroulés à des pics de bois, Le canon tonne et prévient la famille du roi restée à la Tour du Temple que l'exécution a eu lieu.
Les révolutionnaires ne portèrent jamais au crédit de Louis XVI son humanité et les mesures profondément moderne qu'il prit comme l'abolition de la torture en 1780 ou le refus de permettre à la garde suisse de tirer sur les émeutiers lors des journées révolutionnaires de 1789 et 1792.
Aucune assistance immédiate pour ce roi qui engagea, à grand frais, la France dans la guerre d'indépendance américaine au risque de ruiner les finances de son propre pays selon certains historiens. Aucune reconnaissance non plus pour ce roi qui en convoquant lui-même les États généraux, permis l'enclenchement du processus révolutionnaire.
L'exécution de Louis XVI fit de lui un martyr pour les partisans de la monarchie et enflamma la colère et le ressentiment des cours européennes.
Du point historique elle annonça une des périodes les sombres et les plus sanglantes de l'Histoire de France, la radicalisation de la Révolution et la Terreur.
Blog de Jean-Jacques Handali