Le 3 janvier 1944, la France reconnaît la souveraineté de la Syrie et du Liban, qui avaient été placés sous son protectorat 22 ans plus tôt. Dans le Liban à majorité chrétienne, quarante années de prospérité et de paix s'écouleront avant que l'intolérance religieuse ne dilapide l'héritage du protectorat.
Pour les Libanais cependant, cette date passe après la fête nationale, le 22 novembre, jour commémorant la puissante levée du peuple libanais en 1943 après l’arrestation du président Béchara el Khoury et du chef du gouvernement Riyad es-Solh, désignés par la chambre. Des manifestations violentes avaient alors éclater dans tout le pays, contraignant les Français à libérer les dirigeants politiques emprisonnés et à accepter le principe de l'indépendance.
C'est cette date qui est considérée au Liban comme la date anniversaire de l'indépendance du pays et non le 3 janvier.
L'indépendance du Liban et de la Syrie mettait fin à une histoire qui avait tristement commencé durant la Première guerre mondiale, le 16 mai 1916 exactement, lorsque deux diplomates, le sir Mark Sykes (Royaume Uni) et Georges Picot (France) concluent
"Les accords Sykes-Picot". Il s'agissait d'accords secrets passés avec l'aval de l'Empire russe et du royaume d'Italie, qui prévoyaient le partage à la fin de la guerre du du Proche-Orient (un espace alors compris entre la mer Noire, la mer Méditerranée, la mer Rouge, l'océan Indien et la mer Caspienne) en plusieurs zones d'influence au profit de ces quatre puissances, ce qui revenait à dépecer l'Empire ottoman, allié de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie. Selon ces accords, la France se proposait de prendre sous son aile avec (le régime du protectorat) la Syrie et le mont Liban.
Ces accords secrets furent révélés au grand public, plus d'un an avoir été passés, le 23 novembre 1917, en pleine Premiere guerre mondiale, sous l'impulsion de Lenine, conjointement dans les journaux soviétiques
Izvestia et
Pravda. Le 26 novembre 1917 ils sont repris dans un article du Manchester Guardian semant la stupeur générale en Europe et dans le reste du Monde.
Ces accords Sykes-Picot prirent lorsqu'ils furent révélés une certaine importance sous la forme d'une légende noire nourrissant plus tard les prétentions nationalistes arabes et islamistes.
Blog de Jean-Jacques Handali