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Reproduction du gisant en bronze d' Ingeborge de Danemark - Isambour reine de France, détruit pendant la Révolution française |
Le 14 janvier 1200, pend place un événement historique qui ne manque pas de sel ! En effet ce jour là le pape Innocent III jète l'interdit sur le royaume de France, ce qui signifie en termes plus contemporains qu'il interdit au clergé de délivrer les sacrements non seulement au roi de France mais aussi et à ses sujets ! C'est une sanctionne extrême si l'on considère que dans le Code du droit canonique l’interdit est
"une peine expiatoire pouvant être portée par le pape ou un évêque et ayant pour effet, jusqu'à son absolution, la privation des biens spirituels : offices divins, sépulture en terre consacrée sacrements." On distingue deux interdits
- l'interdit local, pesant contre une église, une paroisse, un diocèse, une communauté religieuse, voire un pays entier ;
- l'interdit personnel, pesant contre un fidèle, qu'il soit clerc ou laïc, ou un groupe de fidèles.
Dans le cas de l'interdit du 14 janvier 1200, il s 'agit des deux à la fois
Mais qu'avait bien pu faire la France et son roi Philippe II Auguste, pour mériter un tel courroux papal ?
Veuf d'Isabelle de Hainaut, Philippe II Auguste s'était remarié en 1193 avec Isambour (ou Ingeborge) de Danemark. Mais voilà que le soir même de ses noces, sans qu'il ne s'en explique réellement, pris d'un dégoût subit pour sa femme, le roi décide de s'en séparer et demande
aux ambassadeurs du Danemark encore présents sur place de repartir s"ange tenante avec Ingeborge ! Les ambassadeurs refusèrent évidemment de le faite et la toute nouvelle reine fut d’abord conduite au prieuré de Saint-Maur puis à l'Abbaye Saint-Calixte de Cysoing avant que Philippe II n'entame une procédure d’annulation de mariage.
Le 5 novembre 1193, la dissolution du mariage fut prononcée grâce à la complaisance de Guillaume de Champagne, archevêque de Reims et oncle du roi de France.
La reine Isambour qui restait seule et sans soutien ne parlait pas un seul mot de française vaguement quelques mots de latin qui lui permirent d’exprimer son désaccord sur l’annulation du mariage par ses mots
: « Mala Francia... Roma, Roma !».
Elle demandait par ces mots l’intervention du pape Célestin III.
Le 1er juillet 1196, Philippe II Auguste qui avait déjà presque oublié sa muflerie, se remaria avec Agnès de Meran, un partir beaucoup prestigieux que la princesse de Danemark mais sans doute plus attrayant à ses se yeux.
Le roi resta marié avec elle 4 années seulement car en 1200, il fut contraint de s'incliner pour obtenir rapidement la
levée de l'interdit papale. Il se sépara donc Agnès et restitue le titre de reine à Isambour sans aller toutefois jusqu'à la remettre dans son lit.
En janvier 1213, à la suite du Concile de Soissons, nouveau rebondissement : Philippe II déclara vouloir reprendre la vie commune avec la reine Insambour à qui il restitue officiellement ses droits d’épouse. La reine avait alors 38 ans et venait de passer pas moins de 20 années recluse en captivité !
Libérée en 1213, Ingeborge de Danemark - Isambour reine de France, vécut
"en bonne intelligence" avec le roi jusqu'au décès de celui ci. En dépit de l'adversité et des mauvais traitements qu'elle avait subit, elle parvint meme a se réjouir de l'issue de la bataille de Bouvines.
Lorsqu'elle reprit officiellement sa place en qualité de reine, elle reçut les hommages de Blanche de Castille et de Louis VIII qui lui présentèrent leurs enfants.
Blog de Jean-Jacques Handali