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Frances Elizabeth Wynne (1835–1907) Genève vu de Rouséan en 1858 National Library of Wale |
Le 15 avril 1798, les troupes françaises occupent la république indépendante de Genève, mettant fin à une indépendance devenue illusoire depuis une première intervention française six ans plus tôt faite après une demande des aristocrates de Genève auprès du roi Louis XVI.
Cette fois en 1798 c'est sur ordre du gouvernement du Directoire, poussé par une logique stratégique que l'occupation lieu, mais toujours appuyée par les suppliques des agitateurs et l'attrait des richesses disponibles. Sitôt occupée, Genève est annexée à la France et sa transformation en chef-lieu du département du Léman sont l'aboutissement d'un long processus de rapprochement et de séduction.
Il faut préciser qu'au cours du XVIIIe siècle, la ville s'enrichit considérablement. Quelques grandes familles patriciennes forment le groupe des «citoyens». Ce groupe d'environ 1000 à 1500 personnes tient le haut du pavé et forme une véritable Cour sur le modèle de Versailles. C'est ce qui leur vaut d'être appelée - de façon abusive - l'« aristocratie ». Il se recrute par cooptation parmi les « bourgeois » et domine le gouvernement de la cité. C'est lui qui participe au Conseil général, principale des assemblées dirigeantes.
Les « bourgeois » quant à eux - parfois qualifiés de représentants - sont des entrepreneurs et des commerçants qui ont pu accéder à cette qualité en achetant des « lettres de bourgeoisie ». Le montant de celles-ci varie selon la richesse de la ville et ses besoins (entretien des fortifications). Il est de 500 florins vers 1650 et de 4000 vers 1700. Les bourgeois, qui constituent environ un tiers de la population de la cité, prétendent à une influence en rapport avec leur contribution économique. Ils sont tout au long du XVIIIe siècle en conflit avec l'«aristocratie» pour le gouvernement de la cité.
Les classes inférieures n'ont aucun droit politique. Elles rassemblent les « habitants » - des étrangers qui ont obtenu le droit d'habiter dans la cité -, les « natifs » - enfants des précédents - et les simples « sujets » - étrangers et résidents sans droits particuliers.
Ces classes inférieures, tout au long du XVIIIe siècle, se démènent pour obtenir, à défaut de droits politiques, l'accès à un plus large éventail de professions. Elles ont des sentiments réservés vis-à-vis de la France, alors que le patriciat en est proche et que les liens bancaires sont fort étroits.
En janvier 1789, alors que l'émeute gronde, le gouvernement fait quelques concessions aux bourgeois.
Les événements révolutionnaires survenus à Paris au printemps de la même année trouvent un écho considérable dans la république dont beaucoup d'habitants descendent de huguenots français. En septembre 1792, après avoir annexé la Savoie pour en faire le département du Mont-Blanc, l'Assemblée de la Convention confie au général de Montesquiou la mission de s'assurer de la place de Genève, qui contrôle l'accès du plateau suisse. Montesquiou se contente d'abord de garanties de neutralité dans le souci de ménager les susceptibilités confédérées.
En décembre 1792, Genève adopte les formes d'une république-soeur.
Elle s'assure ainsi la sympathie du gouvernement français tout en préservant son indépendance.
Dans le même temps, le 17 décembre 1792, est proclamée à Porrentruy une éphémère République Rauracienne.
Dès le 23 mars 1793, celle-ci sera annexée par la France et formera le département du
Mont-Terrible avec la ville de Montbéliard.
Le 15 avril 1798, enfin le traité de Réunion intègre Genève au territoire de la République française.
Fin août, après avoir renoncé à sa souveraineté et à ses alliances, Genève est choisie comme préfecture et chef-lieu du département du Léman.
Genève devient alors une ville française parmi d'autres et ses habitants font l'expérience du centralisme napoléonien. Mais la défaite de l'armée napoléonienne lui rend son indépendance.
Le 30 décembre 1813, la garnison française quitte la ville et le général autrichien Ferdinand von Bubna und Littitz y fait son entrée. Le lendemain, après le retrait définitif du préfet, un gouvernement dirigé par l'ancien syndic Ami Lullin proclame la restauration de la république de l'Ancien Régime. Cependant, les magistrats sont conscients que Genève ne peut plus former un État isolé et se tournent vers les anciens alliés suisses en demandant l'entrée de la république dans la Confédération suisse. Malgré la crainte des catholiques suisses face à la « Rome protestante » et aux troubles qu'elle a connus au 18e siècle, le rattachement à la Confédération helvétique est effectif le 19 mai 1815.
Blog de Jean-Jacques Handali