Le 9 juillet 1762, trois régiments de la garde du tsar Pierre III se révoltent contre leur maître et prêtent serment de fidélité à son épouse, Catherine,
« pour la défense de la foi orthodoxe et pour la gloire de la Russie ». Leur révolte est animée par le propre amant de la reine, Grégoire Orlov (ou Grigori Orloff).
Le tsar abdique dès le lendemain. Il meurt une semaine plus tard dans sa retraite, sans doute tué par l'un des frères Orlov dans une querelle d'ivrognes.
Ainsi débute le règne immense de Catherine II l dite la Grande. On a souvent dit d'elle qu'elle fut "un grand homme d 'état".
Ainsi par le traité de Saint-Pétersbourg du 25 juillet 1772, elle s'entend avec le roi de Prusse Frédéric II et l'archiduchesse d'Autriche Marie-Thérèse pour enlever à la Pologne un tiers de son territoire.
Les trois larrons - Russie, Prusse, Autriche - s'allient non seulement contre la Pologne mais aussi contre la Turquie. C'est ainsi qu'en 1774, le nouveau favori de la tsarine, Grigori Potemkine âgé de 35 ans à peine, conquiert d'immenses territoires au dépens du sultan.
Les idées de Catherine II ne sont pas précisément celles des philosophes des Lumières. Mais, par opportunisme politique, elle vénère ces hommes influents dans ses salons. Elle correspond avec d'Alembert, Diderot, Voltaire, Grimm, Helvétius et Kant qui la tiennent pour un «
despote éclairé », à l'égal de ses contemporains Frédéric II, roi de Prusse, et Joseph II, archiduc d'Autriche... Despote, elle l'est sans aucun doute, éclairé, ça peut se discuter ! Voltaire, flatteur, l'appelle la
« Sémiramis du Nord » en référence à la reine légendaire de Babylone.
Sous le règne de Catherine II, la surface de la Russie s'agrandit d'un tiers et le pays, jusque-là très marqué par son caractère slave et orthodoxe, absorbe des populations très diverses, y compris des musulmans qui parlent turc ou mongol. Catherine II ajoute à la diversité ethnique en faisant venir des paysans allemands pour mettre en valeur les bords de la Volga (persécutés et déportés à l'époque de Staline, ces colons reflueront en masse en Allemagne à la fin du XXe siècle.